S. f. (Morale, Politique, Gouvernement) c'est tout changement, innovation, réforme bonne ou mauvaise, avantageuse ou nuisible : car voilà le caractère d'après lequel on doit adopter et rejeter dans un gouvernement les nouveautés qu'on y veut introduire.
Le temps, dit
Bacon, est le grand innovateur ; mais si le temps par sa course empire toutes choses, et que la prudence et l'industrie n'apportent pas des remèdes, quelle fin le mal aura-t-il ? Cependant ce qui est établi par coutume sans être trop bon, peut quelquefois convenir, parce que le temps et les choses qui ont marché longtemps ensemble, ont contracté pour ainsi dire une alliance, au lieu que les nouveautés, quoique bonnes et utiles, ne quadrent pas si bien ensemble : elles ressemblent aux étrangers qui sont plus admirés et moins aimés. D'un autre côté, puisque le temps lui-même marche toujours, son instabilité fait qu'une coutume fixe est aussi propre à troubler qu'une nouveauté. Que faire donc ? admettre des choses nouvelles et qui sont convenables, peu à-peu et pour ainsi dire insensiblement : sans cela tout ce qui est nouveau peut surprendre et bouleverser. Celui qui gagne au changement remercie la fortune et le temps ; mais celui qui perd, s'en prend à l'auteur de la nouveauté. Il est bon de ne pas faire de nouvelles expériences pour raccommoder un état, sans une extrême nécessité et un avantage visible. Enfin il faut prendre garde que ce soit le désir éclairé de réformer qui attire le changement, et non pas le désir frivole du changement qui attire la réforme.
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